Le relevé topographique, qui suivait la phase initiale de débroussaillage, vient de s’achever. Nous aurons l’occasion de revenir avec plus de précisions sur cette résidence seigneuriale médiévale, une fois l’exploitation des données récoltées réalisée. Mais, d’ores et déjà, voici quelques premiers retours sur cette campagne hivernale réalisée par le CERAPAR avec la participation d’Acigné Autrefois.
Le site du Fort de la Motte présente un intérêt particulier du fait de son abandon total avant la fin du Moyen Âge, les lieux n’ayant plus jamais été ni occupés, ni cultivés ultérieurement. L’observation de la basse-cour principale est intéressante, les constructions s’étant effondrées sur place après l’abandon, dessinant au sol des reliefs qui permettent de redessiner, dans une certaine mesure, la configuration générale des lieux.
On retrouve également en surface, épars, des matériaux constitutifs des anciens bâtiments, des pierres et des ardoises de couverture.
Nous ferons ultérieurement une analyse plus globale du site, dont sa cartographie précise.
L’examen approfondi des lieux et les divers questionnements ont révélé quelques découvertes inattendues.
- La base d’un mur maçonné au mortier de chaux, qui avait été dégagée par le basculement d’un arbre et de ses racines (un chablis), apparaît. Il s’agit vraisemblablement de la fondation d’une des parties les plus nobles de la basse-cour.
- Egalement dégagé par l’arrachage naturel d’un arbre, un fossé rempli de déblais anciens a été mis à jour. Celui-ci contient une abondance de ce qui semble être des ardoises de toiture rubéfiées, peut-être lors de l’incendie et de la destruction de la résidence seigneuriale de 1234, conséquence de l’attaque “vengeresse” des troupes du duc de Bretagne, dont les textes contemporains ont fait état.
- Un abaissement temporaire mais spectaculaire du niveau de la Vilaine, suite à des travaux sur les vannes du moulin d’Acigné situé en aval, nous a permis très opportunément de visualiser le renfort de la berge en regard de l’implantation de ce qui devait être le pont-levis (ou le “ponceau-levis” compte tenu de la dimension de l’installation). Ce pont reliait la basse-cour à l’île adjacente, une autre passerelle devant relier ensuite cette île à la berge en regard de la ferme de la Motte. Nous avons d’ailleurs retrouvé la piste d’une des poutres constitutive de cette construction médiévale en bois, retrouvée dans le lit de la Vilaine lors d’un curage de la Vilaine en 1980, en regard de ce renfort et conservée au fond de la vase.
- Sur l’île, une cavité passée inaperçue jusque là, nous apparaît comme étant, sans doute, un vivier. Ce réservoir trapézoïdal au centre de l’île, à berges rectilignes et fond plat, a une morphologie et une position originales. Ce type de bassin devait avoir vocation de réserve de poissons frais pour les occupants des lieux.
- Cette résidence des seigneurs d’Acigné n’était pas la première. Michel Brand’Honneur, spécialiste de mottes médiévales, le subodorait. Les recherches documentaires, cadastrales et toponymiques ont permis d’identifier le lieu vraisemblable de première implantation des seigneurs d’Acigné, aux XIe et XIIe siècles, au coeur du bourg actuel.
Ces observations entre autres, mais aussi et surtout le relevé topographique en cours de valorisation, avec la cartographie en 3D de toutes les basses-cours, permettront ultérieurement une meilleure perception de l’occupation de l’espace et de l’histoire du site.Merci à tous les bénévoles qui ont oeuvré sur ce chantier au cours de l’hiver, dans la froidure et l’humidité. Et rendez-vous sur les prochains numéros de ma newsletter de l’association et dans de futurs articles du site pour de plus amples développements.